Comment soulager les douleurs menstruelles sévères sans médicaments

Les douleurs menstruelles, appelées dysménorrhée en médecine, sont le problème de santé gynécologique le plus fréquent chez les femmes, touchant jusqu’à 95 % des femmes en âge de procréer.

Bien que la dysménorrhée soit liée à une diminution de la qualité de vie, se traduisant par de l’absentéisme au travail ou à l’école, de la dépression et de l’anxiété, moins de la moitié des femmes souffrant de règles douloureuses consultent leur médecin.

Cette réticence peut provenir de la perception générale qui normalise les douleurs menstruelles comme une partie inévitable du cycle menstruel, associée à des expériences de rejet et de soins inadéquats de la part des professionnels de la santé.

Si vous en avez assez de supporter des crampes menstruelles sévères, poursuivez votre lecture pour en savoir plus sur ce que vous pouvez faire.

Comprendre les crampes menstruelles sévères

Les crampes menstruelles sont des douleurs lancinantes dans le bas-ventre qui surviennent avant et pendant les règles. Contrairement aux douleurs menstruelles normales, qui peuvent se manifester par de légères crampes et de la fatigue qui n’interfèrent pas avec les activités quotidiennes, la dysménorrhée se caractérise par des douleurs intenses et d’autres symptômes qui ont un impact négatif sur la capacité à travailler, à étudier et à accomplir d’autres tâches quotidiennes.

Causes des crampes menstruelles sévères

La dysménorrhée primaire est le type de crampes menstruelles le plus courant. Elle est causée par une inflammation pelvienne accrue provoquée par les prostaglandines en l’absence de cause médicale sous-jacente. Les prostaglandines sont des substances chimiques de type hormonal qui déclenchent des contractions utérines plus fortes que nécessaire, provoquant des douleurs.

Le déséquilibre hormonal est souvent un point central des plans de traitement de la dysménorrhée. L’estradiol (une forme d’œstrogène) régule à la hausse l’expression et l’activité de la cyclooxygénase-2 (COX-2). Les enzymes COX sont responsables de la conversion de ce qu’on appelle l’acide arachidonique en prostaglandines. Par conséquent, la dominance des œstrogènes augmente la synthèse des prostaglandines.

La progestérone, en revanche, inhibe la synthèse des prostaglandines en supprimant l’expression de la COX-2. Lorsque les taux de progestérone chutent avant les règles, les taux de prostaglandines augmentent, contribuant aux crampes menstruelles.

La dysménorrhée secondaire représente environ 10 % des cas de dysménorrhée et est une douleur causée par un problème de santé sous-jacent, tel que :

  • L’endométriose
  • Les kystes ovariens
  • Les fibromes utérins
  • Maladie inflammatoire pelvienne (MIP)

Symptômes courants et diagnostic

La dysménorrhée se caractérise généralement par des crampes abdominales basses qui durent de 8 à 72 heures après le début des règles. Les fortes crampes menstruelles s’accompagnent souvent d’autres symptômes, tels que :

  • Nausées
  • Vomissements
  • Diarrhée
  • Maux de tête
  • Vertiges
  • Lombalgie
  • Douleur qui descend le long des jambes
  • Fatigue
  • Troubles du sommeil

Toutes les patientes doivent être encouragées à consulter leur médecin si elles présentent des symptômes de dysménorrhée, en particulier si ceux-ci incluent :

  • Des douleurs qui interfèrent avec les activités de la vie quotidienne ou qui s’aggravent progressivement avec le temps
  • Des saignements utérins anormaux
  • Des pertes vaginales
  • Des douleurs lors des rapports sexuels

Des changements de mode de vie pour soulager les douleurs menstruelles

Comprendre les rôles que jouent le déséquilibre hormonal et les prostaglandines dans les crampes menstruelles, les interventions qui mettent l’accent sur les changements de mode de vie offrent une approche naturelle et holistique pour rétablir l’équilibre et réduire l’inflammation.

Ajustements alimentaires

Les habitudes alimentaires qui augmentent le risque de dysménorrhée modérée à sévère comprennent :

  • Une consommation élevée de céréales raffinées, de viandes transformées et de sucres
  • La consommation de boissons caféinées
  • Une faible consommation de fruits et légumes

Le régime alimentaire occidental, caractérisé par une consommation élevée de viandes rouges et transformées, de céréales raffinées et de desserts, est associé à un risque plus élevé d’endométriose et de douleurs menstruelles associées.

Bien que les résultats individuels puissent varier, des études suggèrent que ces interventions diététiques peuvent aider à réduire les douleurs menstruelles :

  • Régime méditerranéen : Les patientes qui suivent ce régime anti-inflammatoire riche en fruits, légumes, céréales complètes, noix et huile d’olive ont tendance à avoir des niveaux d’inflammation systémique (par exemple, hs-CRP) plus faibles et des douleurs menstruelles réduites.
  • Régime végétarien faible en gras : Il a été démontré que ce régime réduit la durée et l’intensité de la dysménorrhée.

Exercice physique régulier et étirements

Les recherches suggèrent que les femmes qui font régulièrement de l’exercice peuvent avoir des crampes menstruelles moins fréquentes et moins sévères. L’exercice physique peut améliorer la circulation sanguine pelvienne et stimuler la libération de substances chimiques naturelles analgésiques (qui soulagent la douleur) appelées endorphines.

Selon une étude Cochrane, les exercices de faible intensité et de forte intensité réduisent l’intensité des douleurs menstruelles dans la même mesure.

La physiothérapie ciblée qui vise à renforcer, étirer et détendre les muscles du plancher pelvien semble également avoir des effets bénéfiques dans le traitement de la dysménorrhée. Selon une étude, les femmes qui ont suivi un protocole de physiothérapie pendant trois mois ont ressenti moins de symptômes dysménorrhéiques à la fin de l’essai. Le protocole consistait en :

  • Des étirements généraux
  • Des étirements ciblés des muscles iliopsoas, adducteurs et des mollets
  • Faire du jogging à 60-70 % de la fréquence cardiaque maximale
  • Faire des exercices de Kegel
  • Respirer par le diaphragme

Techniques de gestion du stress

Des recherches ont démontré qu’il existe une relation positive entre le stress et la dysménorrhée. Par exemple, selon une étude, les femmes qui perçoivent un niveau de stress élevé ont plus de deux fois plus de risques de souffrir de dysménorrhée lors de leur prochain cycle menstruel que celles qui perçoivent un faible niveau de stress.

Le stress augmente directement la production de prostaglandines en régulant à la hausse l’activité de la COX-2. Il peut également augmenter indirectement les niveaux de prostaglandines en réduisant les niveaux de progestérone pendant la phase lutéale du cycle menstruel.

Par conséquent, réduire les niveaux de stress peut aider à soulager les crampes menstruelles en favorisant une inflammation et des niveaux hormonaux sains. De nombreuses techniques fondées sur des preuves peuvent être utiles pour y parvenir, notamment :

  • Le yoga
  • La méditation
  • La respiration profonde
  • Le biofeedback

Remèdes maison pour les crampes menstruelles sévères

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont souvent le premier traitement recommandé pour la dysménorrhée en raison de leur efficacité à réduire la douleur et l’inflammation.

Cependant, pour celles qui cherchent à éviter les médicaments, des preuves émergentes suggèrent que des thérapies alternatives à domicile peuvent offrir un soulagement tout aussi efficace des crampes menstruelles.

Thérapie par la chaleur

L’application de chaleur augmente la température de la peau et des tissus sous-jacents, ce qui peut entraîner une augmentation du flux sanguin. Cela contribue à réduire l’ischémie et les spasmes musculaires responsables des douleurs menstruelles.

Une revue systématique et une méta-analyse ont conclu que la thermothérapie soulageait significativement les douleurs menstruelles par rapport à un placebo et à des médicaments analgésiques tels que l’acétaminophène et l’ibuprofène.

Essayez de combiner la thermothérapie avec un remède traditionnel connu sous le nom de cataplasmes à l’huile de ricin. L’huile de ricin est riche en acide ricinoléique, un acide gras qui favorise des réponses inflammatoires et douloureuses saines.

Remèdes à base de plantes

Historiquement, les remèdes à base de plantes ont été utilisés dans différentes cultures pour traiter les troubles menstruels, et la recherche moderne valide leur place en médecine.

En voici quelques exemples :

  • Gattilier (Vitex agnus-castus)
  • Gingembre (Zingiber officinale)
  • Fenouil (Foeniculum vulgare)
  • Huile de nigelle (Nigella sativa)
  • Extrait d’écorce de pin maritime français (Pycnogenol)

Aromathérapie

L’aromathérapie est l’application thérapeutique d’huiles essentielles, généralement par inhalation ou application topique.

Une revue systématique et une méta-analyse d’essais contrôlés randomisés ont montré que l’aromathérapie, qu’elle soit administrée par inhalation, par massage ou par voie orale, réduisait significativement la douleur par rapport au placebo.

Une autre étude a démontré que l’aromathérapie utilisant un mélange d’huiles essentielles de lavande, de sauge sclarée et de rose (deux gouttes de lavande, une goutte de sauge sclarée et une goutte de rose dans 5 cc d’huile d’amande) appliquée localement par massage abdominal réduisait significativement les crampes menstruelles et la sévérité des symptômes de dysménorrhée chez les étudiantes.

Remarque : Bien que les huiles essentielles soient généralement considérées comme sûres lorsqu’elles sont utilisées correctement, ce sont des extraits de plantes hautement concentrés qui peuvent irriter la peau et être toxiques en cas d’ingestion. Consultez toujours un professionnel de santé avant de les utiliser.

Explorer les traitements alternatifs

Parmi les autres méthodes de médecine complémentaire et intégrative à envisager pour la dysménorrhée, on peut citer l’acupuncture, les soins chiropratiques et les compléments alimentaires.

Acupression et acupuncture

L’acupuncture consiste à insérer de fines aiguilles à des points spécifiques du corps pour équilibrer le flux d’énergie, tandis que l’acupression consiste à appliquer une pression sur ces mêmes points. On pense que ces deux méthodes modulent le système nerveux pour réduire l’inflammation, améliorer la circulation sanguine et libérer des endorphines.

Une revue systématique et une méta-analyse ont conclu que l’acupuncture pouvait réduire les douleurs menstruelles plus efficacement que les AINS ou l’absence de traitement.

Une autre étude a montré que l’acupression, appliquée spécifiquement aux points SP6 et SP8, soulageait les douleurs menstruelles.

Compléments alimentaires

La nutrithérapie peut aider à soulager la dysménorrhée par différents mécanismes d’action :

  • Le zinc inhibe la production de prostaglandines et régule à la hausse les voies antioxydantes naturelles de l’organisme. Une supplémentation quotidienne de seulement 7 mg de zinc élémentaire suffit à réduire les douleurs menstruelles.
  • Une carence en vitamine D a été associée aux symptômes de la dysménorrhée. Une supplémentation en vitamine D aide à soulager les crampes menstruelles en inhibant les signaux de la douleur et en réduisant les médiateurs de l’inflammation.
  • Les acides gras polyinsaturés (AGPI) oméga-3, tels que ceux présents dans l’huile de poisson, peuvent soulager les douleurs menstruelles en modulant le métabolisme des acides gras et en réduisant les niveaux de prostaglandine E2 pro-inflammatoire.
  • Le magnésium aide à détendre les muscles en bloquant certains des effets du calcium. Il empêche le calcium supplémentaire de pénétrer dans les cellules musculaires, ce qui signifie qu’elles se contractent moins fortement. Les fortes contractions musculaires utérines étant une cause majeure des douleurs menstruelles, la réduction de ces contractions grâce au magnésium peut contribuer à soulager l’inconfort.

Points clés

  • La dysménorrhée se définit comme des crampes menstruelles douloureuses qui vont au-delà de l’inconfort typique associé aux menstruations.
  • L’idée que les douleurs menstruelles sont une partie normale et inévitable de chaque cycle est une idée fausse qui peut empêcher les femmes de chercher un soulagement efficace.
  • La plupart des cas de dysménorrhée sont principalement dus à une surproduction de prostaglandines, qui entraîne des contractions violentes et douloureuses des muscles utérins.
  • Des stratégies naturelles, telles que des modifications du mode de vie, la thermothérapie, les compléments alimentaires et à base de plantes, et l’acupuncture, peuvent aider à cibler les voies de synthèse des prostaglandines, réduisant ainsi l’inflammation et atténuant les crampes menstruelles.
  • Si les stratégies à domicile ne suffisent pas à soulager les règles douloureuses, les patientes doivent consulter leur médecin afin d’être évaluées pour des pathologies sous-jacentes pouvant causer une dysménorrhée secondaire.