Déficit en ornithine transcarbamylase (OTC) : un guide complet

Imaginez que vous soyez atteint d’une maladie génétique rare qui affecte la capacité de votre corps à traiter l’azote. C’est la réalité pour les personnes souffrant d’un déficit en ornithine transcarbamylase (OTC).

L’OTC est une maladie héréditaire rare qui affecte le cycle de l’urée, lequel est crucial pour empêcher l’accumulation d’ammoniac dans le sang. Environ 1 personne sur 14 000 à 1 sur 80 000 est atteinte d’OTC, et certaines développent des lésions permanentes.

Cet article fournit un aperçu complet du déficit en ornithine transcarbamylase, en explorant ses causes, ses symptômes, son diagnostic, les options de traitement et la vie avec cette maladie.

Qu’est-ce que le déficit en ornithine transcarbamylase ?

Le déficit en ornithine transcarbamylase (OTC) est le trouble génétique le plus répandu du cycle de l’urée. Il est causé par un gène OTC manquant ou endommagé et se caractérise par une accumulation d’ammoniac dans le sang.

L’OTC est plus fréquente chez les garçons que chez les filles. Ses symptômes ont tendance à être plus graves lorsqu’ils apparaissent peu après la naissance (OTC précoce).

L’ammoniac est un déchet que l’organisme produit après avoir décomposé les protéines. S’il n’est pas traité, il peut s’accumuler dans le cerveau et causer des lésions cérébrales graves et permanentes.

L’enzyme ornithine transcarbamylase joue un rôle essentiel dans le cycle de l’urée, en convertissant l’ammoniac en urée dans le foie avant qu’elle ne se rende aux reins pour être excrétée en toute sécurité par l’urine.

Le déficit en ornithine transcarbamylase est une maladie liée au chromosome X, car le gène affecté se trouve sur le chromosome X. C’est pourquoi les garçons en sont le plus souvent atteints.

La gravité de l’OTC va de déficits neurocognitifs légers à potentiellement mortels si elle n’est pas traitée. L’identification et le traitement précoces sont essentiels pour prévenir les dommages neurologiques graves et les complications potentiellement mortelles.

Symptômes et diagnostic

Il est essentiel de reconnaître les premiers symptômes et de traiter rapidement le déficit en ornithine transcarbamylase pour éviter des séquelles permanentes.

Reconnaître les symptômes

Les signes et symptômes de l’OTC sont les suivants :

Nourrissons

  • Sommeil accru
  • Léthargie
  • Vomissements
  • Irrégularités du rythme respiratoire (respiration rapide)
  • Changements de la température corporelle/hypothermie
  • Alcalose respiratoire (sang alcalin)
  • Mauvaise succion
  • Incapacité à se nourrir
  • Hyperventilation
  • Retards de développement
  • Retard de croissance staturo-pondérale
  • Irritabilité
  • Convulsions
  • Coma
  • Lésions cérébrales (déficience intellectuelle, paralysie cérébrale, etc.)
  • Décès

Le déficit en ornithine transcarbamylase est plus fréquent chez les garçons nouveau-nés ; les symptômes apparaissent souvent dans les 24 heures à plusieurs jours après la naissance (forme précoce du trouble). Lorsqu’ils sont détectés tôt, de nombreux symptômes plus graves ou permanents peuvent être évités.

Adolescents et adultes

Le déficit en OTC est plus souvent observé chez les bébés et les jeunes enfants que plus tard dans la vie.

Cependant, une forme moins grave de déficit en ornithine transcarbamylase, appelée déficit partiel en OTC ou déficit en OTC à apparition tardive, peut se développer chez les enfants plus âgés, les adolescents et les jeunes adultes (en particulier chez les femmes).

Exemples de symptômes à apparition tardive :

  • Nausées
  • Vomissements
  • Migraines ou maux de tête matinaux
  • Confusion intermittente
  • Retards de développement
  • Déficits cognitifs
  • Comportement erratique ou agressif
  • Délire
  • Troubles de l’apprentissage ou déficiences intellectuelles
  • Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH)
  • Déficits des fonctions exécutives
  • Fatigue
  • Perte d’appétit
  • Problèmes de comportement
  • Convulsions et autres symptômes neurologiques
  • Dysfonctionnement cérébral
  • Problèmes hépatiques
  • Coma
  • Décès

Parfois, ces symptômes sont légers et passent inaperçus. D’autres personnes présentent des symptômes plus graves après avoir mangé de la viande en raison de sa forte teneur en protéines. Les symptômes peuvent également s’aggraver en raison de facteurs de stress.

Méthodes de diagnostic

Le diagnostic du déficit en ornithine transcarbamylase implique des tests génétiques et le dépistage des taux d’ammoniac dans le sang.

Les nourrissons atteints de déficit en OTC peuvent être identifiés par le biais de programmes de dépistage néonatal. Cependant, ces dépistages ne sont pas obligatoires dans tous les États américains.

Lorsque les dépistages néonatals du déficit en OTC ne sont pas obligatoires, la maladie peut être diagnostiquée après avoir évalué les symptômes du trouble, examiné les antécédents médicaux, effectué des analyses de sang et réalisé un examen physique.

Selon les critères de l’étude longitudinale des troubles du cycle de l’urée, les diagnostics d’OTC nécessitent des résultats cliniques et biochimiques spécifiques, notamment des taux élevés de glutamine et d’ammoniac, des taux de citrulline faibles à normaux et un ou plusieurs des éléments suivants :

  • Variant du gène OTC par test de génétique moléculaire
  • Augmentation de l’excrétion d’acide orotique
  • Diminution de l’activité de l’enzyme OTC dans le foie (biopsie du foie chez les hommes)

Le diagnostic différentiel nécessite de distinguer le déficit en OTC des affections similaires provoquant une accumulation d’ammoniac, telles que les autres troubles du cycle de l’urée, les défauts d’oxydation des acides gras, les acidémies organiques et les troubles du métabolisme du pyruvate.

Exemples de diagnostic différentiel de l’hyperammoniémie chez un nouveau-né de sexe masculin :

  • Déficit en argininosuccinate synthétase (ASS)
  • Déficit en argininosuccinate lyase (ASL)
  • Déficit en carbamoyl phosphate synthétase I (CPSI)
  • Hépatite fulminante avec insuffisance hépatique fulminante
  • Déficit en N-acétyl glutamate synthase (NAGS)

Le diagnostic différentiel de la maladie OTC à apparition tardive comprend, en plus de ceux énumérés ci-dessus, les éléments suivants :

  • Défaillance multiviscérale
  • Thrombose de la veine porte
  • Syndrome d’hyperornithinémie-hyperammoniémie-homocitrullinurie
  • Toxicité de l’acétaminophène et autres insuffisances hépatiques aiguës
  • Déficit en citrine

Un diagnostic efficace est essentiel pour établir le traitement le plus efficace.

Traitement et prise en charge

La prise en charge et le traitement du déficit en ornithine transcarbamylase consistent en des solutions médicales, des changements alimentaires et des stratégies de prise en charge à long terme.

Traitements médicaux

Les traitements médicaux comprennent souvent des médicaments qui réduisent les niveaux d’ammoniac et l’hémodialyse dans les cas graves. Il est recommandé de corriger rapidement les niveaux élevés d’ammoniac à 200 µmol/L ou moins.

L’hémodialyse est la méthode la plus efficace pour éliminer rapidement l’excès d’ammoniac et est souvent nécessaire si les taux d’ammoniac dans le sang sont supérieurs à 500 µmol/L.

L’administration intraveineuse de chlorhydrate d’arginine peut aider à gérer la décompensation métabolique et l’hyperammoniémie, tout en complétant l’arginine pour réduire la dégradation catabolique des protéines.

Le phénylacétate de sodium, le benzoate de sodium, le phénylbutyrate de sodium et le phénylbutyrate de glycérol aident à « éliminer » l’excès d’ammoniac, offrant une voie alternative pour l’excrétion de l’azote.

Alors que le phénylacétate de sodium et le benzoate de sodium intraveineux (IV) sont utilisés dans les cas aigus, le benzoate de sodium ou le phénylbutyrate de sodium par voie orale sont efficaces pour le traitement d’entretien à long terme.

Gestion diététique

La gestion diététique chez les personnes présentant un déficit en ornithine transcarbamylase consiste à suivre un régime alimentaire pauvre en protéines, à utiliser des compléments alimentaires et à rechercher un soutien nutritionnel si nécessaire.

Il est essentiel de consommer suffisamment de calories pour inverser et prévenir la dégradation des protéines (catabolisme). Au début, les calories doivent être dépourvues de protéines.

Une fois les niveaux d’ammoniac normalisés, les protéines peuvent être réintroduites lentement dans les 24 à 48 heures, à raison d’un apport quotidien maximal de 2 grammes par kilogramme de poids corporel. Les personnes présentant un déficit en OTC doivent continuer à suivre un régime alimentaire pauvre en protéines.

Les acides aminés (citrulline et arginine), les vitamines, les oligo-éléments et les acides gras essentiels sont souvent des compléments alimentaires utiles pour les personnes présentant un déficit en ornithine transcarbamylase. Les nourrissons doivent utiliser des préparations ou des aliments spéciaux pour nourrissons.

Un médecin ou un diététicien peut aider ces personnes à contrôler leur apport en protéines, à consommer suffisamment de calories et à prendre les compléments alimentaires les plus appropriés.

Stratégies de prise en charge à long terme

Les stratégies de prise en charge à long terme des personnes atteintes d’un déficit en OTC comprennent un suivi médical régulier et des examens de contrôle, ainsi que la mise en place de protocoles d’urgence en cas d’hyperammoniémie.

La prise en charge à long terme vise à éviter l’hyperammoniémie récurrente et à optimiser le développement en utilisant un régime pauvre en protéines, des calories suffisantes pour prévenir le catabolisme, des thérapies de dénitrification et une supplémentation nutritionnelle.

La transplantation hépatique est également efficace pour corriger le déficit en OTC, car des pics répétés du taux d’ammoniac peuvent entraîner des lésions cérébrales permanentes.

Vivre avec un déficit en ornithine transcarbamylase

Pour éviter les complications, vivre avec un déficit en ornithine transcarbamylase implique un suivi médical régulier et des soins correctifs.

Il est essentiel de se faire soigner dès l’apparition des premiers symptômes, de suivre le traitement à la lettre et d’apprendre à gérer les restrictions alimentaires et les autres changements de mode de vie.

Passer régulièrement des analyses de sang pour évaluer les taux d’ammoniac et d’acides aminés. Les tests génétiques sont recommandés pour les personnes ayant des antécédents familiaux de déficit en ornithine transcarbamylase.

Les groupes de conseil et de soutien aident à améliorer le bien-être social et émotionnel des personnes atteintes de déficit en ornithine transcarbamylase et des membres de leur famille. Voici quelques exemples de ressources utiles :

  • Registre des tests génétiques
  • Clinicaltrials.gov
  • Bibliothèque nationale de médecine
  • Organisation nationale pour les maladies rares
  • Centre d’information sur les maladies génétiques et rares
  • UCT in Common
  • OTC Hope
  • Fondation nationale des troubles du cycle de l’urée

Les aménagements éducatifs et professionnels pour les personnes atteintes d’un déficit en ornithine transcarbamylase sont très bénéfiques.

Progrès de la recherche et orientations futures

Les progrès de la recherche et de la technologie peuvent aider à orienter les décisions futures en matière de traitement du déficit en ornithine transcarbamylase.

De nombreux essais cliniques sont menés à l’échelle nationale pour mieux comprendre le déficit en OTC et les nouvelles avancées potentielles en matière de traitements médicaux et de prise en charge à long terme.

Les tendances actuelles de la recherche incluent les perspectives de thérapie génique et les nouveaux médicaments. Les traitements futurs pourraient inclure des approches de médecine personnalisée, la technologie des cellules souches, et plus encore.

La participation à des essais de recherche offre la possibilité d’essayer de nouveaux traitements innovants contre le déficit en OTC et de bénéficier d’un suivi médical gratuit.

Points clés

  • Le déficit en ornithine transcarbamylase (OTC) est une maladie génétique rare, bien que ce soit la plus courante des maladies du cycle de l’urée.
  • Elle implique une déficience ou une absence de l’enzyme ornithine transcarbamylase, l’enzyme nécessaire pour convertir l’ammoniac en urée dans le foie pour une excrétion sûre. L’accumulation d’ammoniac peut causer des lésions cérébrales et d’autres symptômes graves si elle n’est pas traitée.
  • La prise en charge du déficit en ornithine transcarbamylase consiste en l’administration de médicaments éliminant l’azote, d’hémodialyses si nécessaire, d’ajustements nutritionnels (régime pauvre en protéines), de compléments alimentaires, d’une prise en charge à long terme et de soins médicaux continus.
  • La sensibilisation et la poursuite des recherches sont essentielles pour améliorer la vie des personnes touchées par le déficit en OTC.